La métaphore du char ...

Il y a très longtemps…
Les anciens sages de l’Inde ont entendu lors de moments d’extases et de méditations profondes, la Connaissance de ce qui Est. Ils ont ensuite transmis cela à l’oral puis par écrit dans des textes sacrées. Ceux-ci décrivent la création de l’univers et des êtres, ainsi que le fonctionnement plus spécifique de l’être humain. 
Ces textes sont de véritables enseignements qui traversent les siècles, les époques, les frontières et les cultures. 
Ils nous racontent une histoire, celle de la vie et nous aident sur notre chemin. 
La création de l’univers y est décrit comme ayant une Source unique que certains nommeront selon leur sensibilité : « Conscience Universelle », « énergie divine », « Force Suprême », le « Soi »…
Cette source nous ne pouvons nous la représenter. Elle est éternelle, infini et en même temps elle se trouve en chaque chose et chaque être.
Elle est comme un fil dont le tissage forme la toile sur laquelle vient se développer les formes et les couleurs du vivant.
Dans certains écrits, cette source peut porter le nom de « Brahman » et sa dimension qui prend corps dans la matière et en particulier dans l’être humain se nomme l’Atman. Une traduction possible de ce dernier terme est « principe de vie », « âme », « essence ».
Les anciens sages ont bien observé la vie des hommes, des femmes et la souffrance qui les accompagne.
Ils ont développer des approches, des méthodes et des techniques pour aider à diminuer les causes de ces souffrances physiques et mentales.
Ils ont décrit le fonctionnement psychologique de l’être humain et force est de constater que la psychologie moderne n’a rien inventé. Sans cesse ,on redécouvre et on réactualise un « savoir » toujours présent, toujours là.
Un des textes qui accompagne la pratique du Yoga est le « Yoga Sûtra » de Patanjali. Il aurait été écrit entre 200 ans avant JC et 200 après JC environ.
C’est un guide dans la connaissance de soi et du Soi qui accompagne le chercheur spirituel dans sa recherche d’unité et d’union avec cet essentiel qui est au coeur de lui même et de tous les êtres.
Le « Yoga Sûtra » est composé de 195 aphorismes qui étaient et sont encore récités, chantés et appris par coeur. Différents commentaires sont venus à chaque époque éclairer leurs significations, actualisant ainsi le savoir transmis.
4 chapitres organisent et regroupent les aphorismes.
Dans le chapitre 2 « Sadhana Pada », il est évoque une méthode pour pouvoir diminuer les causes des souffrances liées à notre condition humaine.
Avant d’entrer dans le détail de cette approche, Patanjali décrit les principales causes de nos afflictions et de nos peines profondes, ce sont les « Klesha ». 
5 Klesha sont décrits, dont certains se trouvent sur le plan émotionnel de notre être. 
Avidyâ : méconnaissance, ignorance de la dimension spirituelle qui nous habite
Asmita : l’Ego « moi »- « je » en déséquilibre, c’est à dire en excès (orgueil) ou en manque (mauvaise estime de soi)
Râga : désir, attachement, passion, joie, plaisir …
Dvesha : Haine, aversion, répulsion, hostilité… 
Abhinivesha : amour de la vie, peur de la perdre, attachement… 
Ces 5 dimensions sont porteuses de ce qui nous animent et qui colorent notre vie. En cas de déséquilibre, en excès ou en manque, elles deviennent des causes de souffrances. 
Par exemple, une peur « excessive » vient perturber nos relations et peut nous empêcher de prendre part à la vie sociale, c’est le cas pour certaines phobies. Sous le joug de la peur, les personnes développent des conduites d’évitement et de fuite couteuses en énergie vitale. Cela peut sur le long terme créer des « maux » dans le corps physique.
Concernant nos émotions, si elles nous envahissent et viennent perturber notre « bien-être » ainsi que notre adaptation à notre environnement social. Alors, apprendre à les connaître et à les « gérer » devient une clef pour retrouver une vie intérieure plus apaisée. Sans oublier que l’apaisement du mental permet le développement d’une plus grande conscience de soi, des autres et du monde. Ainsi, une perception plus subtile de ce qui est « précieux », « lumineux », du vivant en soi, peut apparaître. Un voile se lève au fond du coeur…
Pour illustrer cela, les Anciens ont proposé l’image d’un char, une métaphore de notre incarnation. Elle décrit l’ état de conscience « ordinaire » de la façon suivante : 
Les chevaux impulsifs, vont où ils veulent. Ils se cabrent et n’en font qu’à leurs têtes. Ils représentent les pulsions, les désirs, les envies en excès , les émotions qui débordent et qui ne sont pas « maîtrisées ».
Les rênes sont lâches et ne contrôlent rien. Elles ne font que transmettre l’agitation des chevaux au Cocher. Elles représentent notre « mental inférieur » , celui qui reçoit les informations sensorielles et qui réagit automatiquement, de façon réflexe/conditionnée. C’est la réactivité sans prise de recule. 
Le Cocher croit qu’il maîtrise parfaitement son attelage. Il représente notre égo, notre intellect, notre « mental supérieur ». Il croit savoir et contrôler mais ce sont ses chevaux qui le conduisent vers des chemins où la souffrance apparait.
Le char suit les routes chaotiques et emmagasine les secousses. Il représente notre corps dans lequel s’inscrit les empreintes, les mémoires des souffrances, des tensions qui peuvent se transformer ensuite en maux et en maladie.
Le Passager lui n’est pas perçu par le Cocher qui se croit seul et n’écoute que son égo.
Par la pratique du Yoga, un changement s’opère …
Les chevaux vont s’apaiser. Le système « psycho-physiologique » va se détendre. Notre réactivité va changer. 
Les rênes peuvent mieux diriger et orienter les chevaux.
L’apaisement du mental s’opère et un état d’ harmonie se fait sentir. 
Le Cocher prend conscience qu’il ne contrôlait pas son attelage et qu’il n’est pas seul. Dans le char, se trouve un Passager.
Quelqu’un de « précieux », qui lui parle et lui indique les bons chemins à prendre.
En l’écoutant et en se mettant à son service, le Cocher réalise que le voyage est plus harmonieux. Les obstacles peuvent apparaitre mais il trouve les moyens de les lever et de traverser…

 

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